Les « Université d’été des immenses »

Une « Université d’été des immenses » veut
1) faire entendre et valoriser les voix, réflexions et points de vue de personnes en situation de précarité (mal-logement ou non-logement) à Bruxelles ;
2) provoquer des discussions, débats et réactions avec des travailleurs sociaux, des politiciens et des chercheurs intéressés par la problématique.
Elle n’espère pas faire converger les savoirs et expertises mais veut provoquer leur croisement, voire leur amplification réciproque. Elle est résolument anti-blabla.

La deuxième « Université d’été des immenses » du Syndicat des immenses a eu lieu le 18 décembre 2023. Lire ici les 3 thèmes retenus.

La première « Université d’été des immenses » a eu lieu le 22 octobre 2021 et l’incroyable aventure a fait l’objet d’un livre, Politique et immensité, sorti le 6 octobre 2022 aux éditions Maelström. Découvrirez-en ici les bonnes feuilles. Prix de vente : 15 €.

Pour la sorite du livre le 6 octobre 2022, une personnalité a été invitée à réagir à l’un des 4 thèmes : voir les interventions de Boris Libois, Laurence Vielle, Jean Spinette et Céline Nieuwenhuys.

Olivier de Schutter, rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme et l’extrême pauvreté, a fort apprécié.

En voici les 4 thèmes :
1. Objectif  « zéro déchet humain » (contre l’économie du gaspillage (humain))
Le juste combat en faveur du climat ne peut plus ignorer l’« obsolescence programmée » des immenses (dont l’espérance de vie moyenne est significativement plus basse). Pas de planète B ? Pas de vie B non plus ! Une vie humaine brisée est une vie définitivement brisée, un gâchis énorme et irréversible, une destruction de possibles, potentialités, de puissances. Pourquoi s’arrêter aux ours blancs ? Parce que leur dignité à eux ne fait pas question ? Parce la question de leur part de responsabilité dans la menace pesant sur eux ne se pose pas ? Parce qu’ils sont mignons ?

2. Pour dire l’immensité, des mots sont à inventer et certains sont à bannir (pour un thesaurus de l’immensité)
« Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde », écrit Albert Camus. « Mal nommer les gens, c’est ajouter à leur malheur sur terre », pourrait-on ajouter. Et beaucoup de mots manquent pour dire et décrire au plus près la vie des  personnes en mal- ou non-logement. Et les mots importent aussi dès qu’il s’agit de lutter contre des conditions de survie indignes. Le sans-abrisme (qu’il faudrait rebaptiser sans-chez-soirisme), par exemple, est une tragique fatalité, une  décision politique et/ou un crime contre l’humanité ? La réponse n’est pas sans conséquences.

3. La vie rendue invivable (contre la nécropolitique à l’œuvre dans les politiques sociales)
Il y a « nécropolitique » dès qu’il y a gestion et contrôle d’une population de sorte que sa vie est rendue invivable, voire indigne, si ce n’est indigne d’être vécue. Comment opère la nécropolitique ? De mille manières, qui peuvent émaner de l’État, d’institutions ou de citoyens. Qu’elles soient ouvertement violentes ici, ou subitement sournoises là, elles ne sont nulle part reconnues comme telles. Il s’agit d’abord d’en identifier les cibles, au nombre desquelles figurent pour sûr les immenses. Il s’agit, ensuite, de les identifier, afin de s’en protéger au mieux, de les circonvenir autant que faire se peut, et de les neutraliser dans le meilleur des cas.

4. Fêter la Saint-Covid le 13 mars ? (le virus exacerbe les inégalités et sort des personnes de la rue)
Les délétères conséquences sociales, psychologiques et économiques de la crise sanitaire sont manifestes et iront en s’intensifiant. Comment les personnes en situation de grande précarité traversent-elles la crise ? Les élans de solidarité et les solutions innovantes (type « hôtels ») dont elles ont pu profiter s’inscriront-ils dans la durée ? La crise a révélé de manière criante les dysfonctionnements de la société. Jusqu’où peut aller l’affaiblissement des plus faibles ?

La première UEI a été rendue possible par la collaboration de l’ARC, de DoucheFLUX, du Forum et de la VUB, l’appui de United Stages et le soutien financier de Bruxelles Logement.